Voici le compte-rendu du Marathon de Marc à Malaga :
Marathon de Malaga, dédicacé à JP, homme de foi, de miracles et de crème de massages et, accessoirement, au Docteur D., bâtisseur de chalets en Suisse.
Oyez oyez Nacquées et nacqués !!
Croyez-vous aux fantômes ? Ben, vous devriez : c’en est un qui s’adresse à vous. Je suis celui-là même que la presse, un jour pas si lointain, appelait « l’homme aux 300 marathons ». Avant de m’oublier aussi sec et de passer à autre chose : la victoire du FC Jodoigne contre Jandrain et la nouvelle coupe de cheveu du président du CPAS de Zétrud-Lumay. Je ne vais pas me lancer dans un récit détaillé des mois qui ont suivi les célébrations du 300me et au cours desquels le noir que j’ai broyé aurait suffi à combler l’ensemble des mines boraines. Vous attraperiez la nausée à me voir tourner sans relâche autour de mon nombril. Après tout, à part m’avoir oublié, vous n’avez rien fait de mal…
Sachez simplement que mon corps a réclamé son dû. Nous avions passé un contrat : « je te laisse aller jusqu’au 300me, mais après ça tu passes à la caisse et le prix, c’est un genou ». Deal !
Fin mai, comme convenu, mon genou est arrivé à expiration. J’ai bien essayé d’ignorer la réalité et de filouter en continuant à gambader comme si de rien n’était, mais j’ai beau être un dur de dur, la douleur était trop forte. J’ai donc été obligé de financer le chalet à Morzine du Dr. D qui, en contrepartie de ma généreuse contribution à sa douce retraite alpestre, pratiqua quelques semaines plus tard une ménisectomie de derrière les fagots.
J’en étais quitte pour une trentaine de séances de kiné et à cette joyeuse occasion, confiais à JP la lourde tâche de ressusciter mes muscles fondus et de redonner à mes guibolles rendues rachitiques un aspect plus présentable, au moins lorsque j’aurais à les exhiber sur la piste bleue du club. Car pour l’heure, les jolies cannes que je déployais plein d’orgueil au rythme d’une élégante foulée aérienne jalousée par la planète running entière, avaient été réduites à de fragiles bâtonnets blancs flanqués en leur milieu d’une protubérance désormais asymétrique et partiellement raturée.
JP fit surtout du bon boulot là où je ne l’attendais pas. Mes jambes revêtirent certes un aspect plus proche des cuisses de poulet que de celui des batônnets précités, mais cela constituait un léger mieux. A l’impossible, nul n’est tenu. Finalement, le plus important était qu’au fil de séances bon enfant, JP réussit en douceur à me redonner confiance et à me persuader que ma carrière pourrait se prolonger un peu, si j’y mettais du mien. Je me revois sur la table, alors qu’il tordait mon genou dans tous les sens, veillant à ne pas me contrarier et surtout à ne pas faire tomber l’entonnoir qui me servait de couvre-chef. Ce type ne pense qu’à courir, eh bien on va le faire courir !
Alors que je refermais une dernière fois la porte de son cabinet, je lui glissai : « Allez, merci pour tout. On se revoit au prochain genou ! », tout en me félicitant de n’en avoir que deux.
En dehors de ça, je me dois d’ajouter que ce que j’avais perdu en muscle et en condition physique, je l’avais gagné en masse graisseuse. Revenir dans le coup, même à peu près, fut dur. Très dur. J’en ai appris beaucoup sur moi-même (et sur quelques autres aussi !). J’ai réussi à m’atteler, comme je l’avais fait à mes débuts, il y a un presque 30 ans, à suivre un plan. Scrupuleusement. Et Dieu, ma femme et Didier (dans le désordre) savent que je n’aime pas ça, car ce que j’apprécie le plus dans la course à pied est la totale liberté de faire ce qu’on veut, où on veut et quand on veut. Les contraintes, très peu pour moi. Ce plan m’a donc amené là où il était supposé le faire en ce matin du 15 décembre : sur la ligne de départ du marathon de Malaga. Cap’ ou pas cap’ ? Je n’en savais trop rien. Cette distance, tant de fois matée, était redevenue l’Everest. Puis, après quelques kilomètres de tâtonnements, tout s’est enchaîné sans encombre et 3 heures 58 plus tard (bah oui, quand même. Un miracle OK, mais un miracle raisonnable), je refranchissais la même ligne, mais cette fois dans le sens opposé. Celui de l’arrivée.
H.E.U.R.E.U.X
Voilà donc lancée ma 4me centaine de marathons et de comptes rendus. Jusqu’au prochain genou…

